- La corrélation entre formes de l'avunculat et types de filiations n'épuise pas le problème du système de parenté. Des formes différents d'avunculat peuvent coexister avec un même type de filiation, patrilinéaire ou matrilinéaire. On trouve toujours la même relation fondamentale entre les quatre couples d'oppositions qui sont nécessaires à l'élaboration du système de parenté.
- Pour qu'une structure de parenté existe, il faut que s'y trouvent présents les trois types de relations familiales toujours données dans la société humaine, c'est-à-dire : une relation de consanguinité, une relation d 'alliance, une relation de filiation ; autrement dit, une relation de germain à germaine, une relation d'époux à épouse, une relation de parent à enfant.
- Les discordances entre des sociétés ne sont jamais assez nombreuses pour éliminer complètement les coïncidences, externes elles aussi ; et ces coïncidences externes sont atypiques, c'est-à-dire qu'au lieu de s'établir avec un groupe, ou un ensemble de groupes, bien défini par la culture et géographiquement localisé, elles pointent dans tous les sens et évoquent des groupes hétérogènes entre eux. En second lieu, l'analyse de la culture pseudo-archaïque, considéré comme un système autonome, fait ressortir des discordances internes, et celles-ci sont, cette fois, typiques, c'est-à-dire touchant à la structure même de la société, et compromettant irrémédiablement son équilibre spécifique.
- Dans l'aire indo-européenne, la structure sociale (règle du mariage) est simple, mais les éléments (organisation sociale) destinés à figurer dans la structure, sont nombreux et complexes. Dans l'aire sino-tibétaine, la situation se renverse. La structure est complexe puisqu'elle juxtapose, on intègre, deux types de règles matrimoniales, mais l'organisation sociale, de type clanique ou équivalent, demeure simple. D'autre part, l'opposition entre structure et éléments se traduit au niveau de la terminologie (c'est-à-dire à un niveau déjà linguistique) par des caractères antithétiques, tout en ce qui concerne l'armature (subjective ou objective) que les termes eux-mêmes (nombreux ou peu nombreux). Pour définir convenablement les relations entre langage et culture, il faut exclure d'emblée deux hypothèses. L'une selon laquelle il ne pourrait y'avoir aucune relation entre les deux ordres ; et l'hypothèse inverse d'une corrélation totale à tous les niveaux. Dans le premier cas, on serait confronté à l'image d'un esprit humain inarticulé et morcelé, divisé en compartiments et en étages entre lesquels toute communication est impossible.
- Résorber une synthèse aberrante locale par son intégration, avec les synthèses normales, au sein d'une synthèse générale, mais arbitraire en dehors des cas critiques où l'action s'impose représenterait une perte sur tous les tableaux. Un corps d'hypothèses élémentaires peut présenter une valeur instrumentale certaine pour le praticien, sans que l'analyse théorique ne doive s'imposer d'y reconnaître l'image dernière de la réalité ; et sans qu'il soit non plus nécessaire d'unir, par son intermédiaire, malade et médecin dans une sorte de communion mystique qui n'a pas le même sens pour l'un et pour l'autre, et qui aboutit seulement à dissoudre le traitement dans une fabulation.
- La recherche du temps perdu, considéré par certains comme la clef de la thérapeutique psychanalytique, n'est qu'une modalité (dont la valeur et les résultats ne sont pas négligeables) d'une méthode plus fondamentale, qui doit se définir sans faire appel à l'origine individuelle ou collective du mythe. Car la forme mythique prime le contenu du récit. C'est du moins ce que l'analyse d'un texte indigène a paru enseigner l'auteur. Mais, dans un autre sens, on sait bien que tout mythe est une recherche du temps perdu. Cette forme moderne de la technique shamanistique (magie), qu'est la psychanalyse, tire donc ses caractères particuliers du fait que, dans la civilisation mécanique, il n'y a plus de place, pour le temps mythique, qu'en l'homme même. De cette constatation, la psychanalyse peut recueillir une confirmation de sa validité, en même temps que l'espoir d'approfondir ses bases théoriques, et de mieux comprendre le mécanisme de son efficacité, par une confrontation de ses méthodes et de ses buts avec ses grands prédécesseurs : les shamans et les sorciers.
- La structure synchro-diachronique qui caractérise le mythe permet d'ordonner ses éléments en séquences diachroniques qui doivent être lues synchroniquement. Tout mythe possède donc une structure feuilleté qui transparaît à la surface, si l'on peut dire, dans et par le procédé de répétition.
Pourtant les feuillets ne sont jamais rigoureusement identiques. S'il est vrai que l'objet du mythe est de fournir un modèle logique pour résoudre une contradiction (tâche irréalisable, quand la contradiction est réelle) un nombre théoriquement infini de feuillets seront engendrés, chacun légèrement différent de celui qui précède. Le mythe se développera comme une spiral, jusqu'à ce que l'impulsion intellectuelle qui lui a donné naissance soit épuisée. La croissance du mythe est donc continu, par opposition à sa structure qui reste discontinue. Si l'on nous permet une image risquée, le mythe est un être verbal qui occupe, dans le domaine de la parole, une place comparable à celle qui revient au cristal dans le monde de la matière physique. Vis-à-vis de la langue, d'une part, de la parole, de l'autre, sa position serait en effet analogue à celle du cristal : objet intermédiaire entre un agrégat statistique de molécules et la structure moléculaire elle même.
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